Article publié le 12 mai 2022

Extrait de l’article « Les États-Unis d’Amérique et la Chine sont-ils des Empires ? »

Présentant le conflit en Ukraine comme étant aussi un affrontement entre l’Empire russe et ce qui est devenu l’Empire de l’Union européenne, l’article « Ukraine : Vers un nouvel affrontement des Empires ? » publié le 12 mars 2022 a suscité de nombreuses questions, en particulier celle de savoir si les États-Unis d’Amérique étaient un Empire.  L’objet de l’article qui suit est de mener une réflexion visant à y répondre. Même si les États-Unis sont un État très puissant qui est beaucoup intervenu dans le monde au XXe et au début du XXIe siècle, ce dernier ne semble pas être à première vue un Empire pour une raison tenant au fait que, contrairement à l’Empire de l’Union européenne ou au défunt Empire de l’Union soviétique par exemple, il n’y a pas de citoyenneté impériale ni de gouvernement commun aux différents Peuples et Nations appartenant à l’extension géographique que certains considèrent couverte par cette « hyperpuissance » américaine.

L’historien et spécialiste des relations internationales Jean-Baptiste Duroselle, auteur de Tout Empire Périra, pensait ainsi que l’on ne peut parler à propos des États-Unis ni d’Empire ni « d’empire clandestin, ou de néo-colonialisme tout-puissant »[1]. Bien que les États-Unis interviennent militairement dans le monde depuis plus d’un siècle, la Nation américaine n’a cependant pas imposé, à l’instar de l’Empire soviétique ou de l’Empire de l’Union européenne, une citoyenneté impériale aux pays conquis. L’Empire de l’Union européenne s’étend pour sa part indéfiniment et considère qu’« est citoyen de l'Union toute personne ayant la nationalité d'un État membre » comme le précise l’article 9 du Traité sur l’Union européenne signé en 1992 et aujourd’hui repris dans l’article 20 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE) signé en 2007. Un Français est citoyen de la Nation française mais aussi de l’Empire de l’Union européenne. Cela suppose la soumission aux lois de l’Empire. Il n’en est absolument pas de même pour les pays que certains verraient comme « inféodés » aux États-Unis.

Comme l’explique l’auteur de cet article dans son ouvrage La Nation face à l’Empire publié en 2021 et réédité en 2022, « les États-Unis sont peut-être une « hyperpuissance nationale » mais certainement pas une « hyperpuissance impériale » puisqu’ils ne sont pas un Empire. Face aux États-Unis, l’Empire de l’Union européenne pourrait être pour sa part qualifié d’« hypo-puissance impériale » ». Certains considèrent cependant que l’OTAN et le dollar sont des instruments « impérialistes » de domination, méritant alors une étude encore plus approfondie. Anticipant la question de savoir si la Chine serait un Empire, l’analyse prendra aussi en compte la question de « l’Empire du milieu ». L’article « Les États-Unis d’Amérique sont-ils un Empire ? » est disponible sur le site francelibrevraieeurope.fr.

Quel est le propre d’un Empire ?

Le propre d’un Empire est en premier lieu de posséder un gouvernement commun à plusieurs Peuples et Nations, séparant par conséquent la citoyenneté de l’Empire de la nationalité des personnes. L’Empire repose en second lieu sur un espace conquis et tend à s’étendre géographiquement. En troisième lieu, les Empires sont porteurs d’une idéologie généralement traduite par une « mission universaliste et une promesse d’éternité »[2].

À titre d’exemple, la Fédération de Russie rassemble quatre-vingt-cinq entités dénommées « sujets de la Fédération de Russie » dont vingt-deux républiques qui ont une constitution propre. Différents Peuples comme les Slaves, les Turcs ou les Mongols appartiennent à cette fédération qui a repris l’emblème de l’aigle bicéphale de l’ancien Empire des tsars. De nombreuses langues sont parlées sans compter la pluralité des religions installées depuis longtemps. Il s’agit donc clairement d’un Empire dont le prédécesseur, l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), avait mis en place une « citoyenneté impériale » au niveau de l’Empire soviétique à l’intérieur duquel les citoyens avaient une « nationalité » correspondant souvent à des Peuples (Russes, Tatares…).

Les Empires occidentaux européens, l’Empire français de Napoléon et le Troisième Empire allemand d’Hitler en particulier, tous deux de nature matérialiste et athée, partageaient les caractéristiques propres aux Empires dont celles d’être basés sur une logique d’expansion et de conquête et de différencier la citoyenneté de la nationalité au sein de l’Empire. Il convient d’ailleurs de préciser que l’Empire français de Napoléon était un véritable Empire tandis que celui de son neveu Napoléon III, bien que le régime officiel se somme « Empire », n’en avait pas les caractéristiques, la citoyenneté française correspondant à la nationalité française.

Si l’État, dont le propre est de faire les lois, se situe ultimement au niveau de l’Empire, que l’on appellera ici l’État-Empire, il en est autrement pour les citoyens d’un État-Nation pour lequel l’État se situe au niveau de la Nation, ce qui était par exemple le cas de la France jusqu’à l’Acte unique de 1986 mais surtout jusqu’au traité de Maastricht de 1992.

 

L’Union européenne : un excellent exemple d’Empire

Dans la présentation de l’ouvrage Les empires occidentaux de Rome à Berlin[3], le professeur de droit Maurice Duverger, ancien éditorialiste au Monde et député européen pour le Parti communiste italien, fut un des grands idéologues du Nouvel Empire de l’Union européenne. « Étendue de l’Irlande aux bouches du Danube et du Cap Nord à Malte, la grande Europe englobera au début du XXIe siècle plus de 30 nations et de 500 millions d’hommes et de femmes. Elle formera ainsi le plus grand ensemble impérial du monde, auquel il ne manquera que des institutions lui permettant de décider efficacement et rapidement d’une façon collective. Mais elle ne pourra ni ne voudra s’organiser sur le modèle des États-Unis dont les Cinquante États fédérés qui les constituent n’ont pas le statut juridique, l’importance politique et la tradition historique d’une nation véritable, laquelle n’existe que sur le plan de la fédération » [4].

L’Union européenne repose sur des traités supranationaux qui ont institué en premier lieu un parlement que l’on pourrait voir comme une « Diète de Strasbourg » pour voter des lois (la Diète d’Empire était dans le Saint Empire romain germanique une sorte de parlement), en second lieu une cour pour rendre la justice (la Cour de justice de l'Union européenne ou CJUE), en troisième lieu une banque pour émettre de la monnaie au niveau de la fédération supranationale (la banque centrale européenne ou BCE) et en quatrième lieu des capacités guerrières permettant par exemple à l’Empire de l’Union européenne de fournir des armes létales à l’Ukraine. Tous ces éléments de souveraineté (faire les lois, rendre la justice, battre monnaie et déclarer de la paix et de la guerre) font de l’Union européenne un État de nature fédérale et supranationale.

L’Union européenne est une construction politique qui se situe au-dessus des Nations et donne une citoyenneté commune à ses ressortissants. La première « pierre » de cet Empire fut matérialisée par la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) qui, après les développements supranationaux de la construction dite « européenne », aboutit avec le traité de Maastricht à une citoyenneté impériale officielle. Dans le cas de l’Union européenne, les deux autres critères propres aux Empires sont réunis, à savoir la projection dans un espace conquis (généralement sans usage de la force) et la logique universaliste. L’Empire de l’Union européenne possède cependant la particularité que les citoyens de ses États-membres ont deux citoyennetés, celle de leur Nation qu’ils ont conservée (la France par exemple) et celle de l’Empire de l’Union européenne (comme indiqué en haut de la couverture d’un passeport français par exemple). Ceux qui voudraient approfondir ce sujet sont invités à lire La Nation face à l’Empire, écrit par l’auteur de cet article, édité en 2021 et réédité en 2022.

 

Les États-Unis d’Amérique, de quoi parle-t-on ?

La passion de l’auteur de cet article pour l’histoire de l’Amérique française, présentée entre autres dans la belle étude[5] de Gilles Havard et Cécile Vidal, n’est pas cachée. Descendant d’une famille d’Irlandais réfugiés en France à la fin du XVIIe siècle pour cause de religion[6], ce sont aussi des millions d’Irlandais qui partirent dans les siècles qui suivirent pour l’Amérique du Nord dans l’espoir d’y trouver une vie meilleure. Pour aller un peu plus loin, ce sont d’abord des Anglais, des Espagnols, des Français et des Hollandais qui s’installèrent puis des Irlandais, des Écossais, des Allemands, des Polonais, des Russes… Les Français y tinrent un rôle prépondérant car ils s’installèrent et prirent le contrôle d’un immense territoire, la Louisiane en particulier, bien plus grand que l’État-fédéré qui en porte actuellement le nom. L’Amérique du Nord fut en effet une terre d’immigration pour de nombreuses personnes qui, entre autres, fuyaient historiquement la pauvreté, les guerres, les persécutions ou bien qui tentaient tout simplement leur chance pour découvrir les immenses espaces peu peuplés de l’autre côté de l’Atlantique.

Les Français s’étaient aussi installés plus au nord du continent mais ces terres furent presque toutes perdues à l’issue de la guerre de Sept Ans. La langue française demeura cependant au Québec, actuelle province du Canada qui compte aujourd’hui plus de huit millions d’habitants dont les trois quarts environ sont francophones. Il est évident que l’apport européen en Amérique du Nord est majeur à commencer par la langue, la religion et la culture qui firent de cet espace nord-américain une « colonie européenne » au-delà de l’Océan. Les États-Unis d’Amérique s’affranchirent par la suite de la domination des Nations européennes. En envoyant des renforts pour soutenir les insurgés américains dans leur lutte contre l’Angleterre afin qu’ils deviennent un acteur à part entière de l’Histoire, le roi de France les y aida.

Rassemblant de nombreuses personnes ayant fui l’oppression, l’Amérique du Nord hésite depuis plusieurs décennies entre sa nature isolationniste et un interventionnisme lié peut-être à son orgueil de grande nation (une caractéristique qui fut aussi à la base du développement de l’Empire colonial initié par la IIIe République française en Afrique et en Asie). Les États-Unis sont en effet un pays singulier qui, comme la France, a un goût prononcé pour l’universalité. Pour simplifier à l’extrême, les États-Unis sont devenus une terre délimitée par des frontières assez « naturelles », entre deux océans et un isthme au sud, originalement peuplée d’ethnies autochtones amérindiennes (Sioux, Apaches, Cherokees…), qui « absorba » entre autres des colons européens, des esclaves africains devenus libres longtemps après leur arrivée, des populations métissées d’Amérique latine sans compter des communautés issues d’autres Civilisations (Chine, Japon…). D’une logique historique multiethnique et multiculturelle, les États-Unis cherchèrent à faire un seul Peuple et une même Nation.

 

Les États-Unis d’Amérique sont-ils un Empire ?

Les États-Unis résultent de la projection de l’Europe au Nord du continent américain et rassemblent historiquement un ensemble d’européens venus sur une terre faiblement peuplée, devenue un seul Peuple qui s’est très tôt pensé en Nation avant que de nombreuses autres immigrations ne se succèdent (africaine issue de l’esclavage, latino-américaine…). Les États-Unis ne sont pas comme l’Europe un ensemble de Peuples et de Nations distincts.

Certains qualifient les États-Unis d’« Empire américain » mais il ne s’agit pas d’un gouvernement impérial qui dirige différents Peuples et Nations puisque les États-Fédérés ne sont pas véritablement des Peuples et des Nations. Le niveau fédéral se limite au gouvernent d’un seul Peuple et d’une seule Nation même si l’histoire a conduit à une organisation fédérale, conséquence entre autres de l’extension géographique des États-Unis. Le gouvernement fédéral détient les prérogatives régaliennes majeures de la défense de la Nation et de battre monnaie. Ne séparant pas la citoyenneté de la nationalité et ne gouvernant pas plusieurs Peuples et Nations distincts, les États-Unis ne sont donc pas un Empire.

Les États-Unis devinrent au XXe siècle la Nation la plus puissante du monde. Au cours des deux conflits mondiaux qui ensanglantèrent le XXe siècle, ces derniers apportèrent un soutien déterminant pour que les Alliés puissent battre successivement le Deuxième Empire allemand puis le Troisième Empire allemand. L’engagement américain aux côtés des Britanniques et d’autres Nations européennes pendant la Deuxième guerre mondiale permit à la France de recouvrer sa liberté perdue pendant quatre ans. Pour ceux qui le souhaitent, la lecture des ouvrages de Yves-Marie Nouailhat et Maya Kandel, professeurs d’histoire, peuvent aider à comprendre le rapport entre les États-Unis et le monde[7]. Les États-Unis d’Amérique tendent ainsi à être une Nation puissante ayant acquis une influence importante dans le monde sans être stricto sensu un Empire. À l’opposé du Troisième Empire allemand, de l’Empire soviétique ou de l’Empire de l’Union européenne, il n’est pas question pour les États-Unis de s’étendre indéfiniment pour soumettre à leur gouvernement de nouvelles terres, au sens où les Peuples et les Nations seraient intégrés à un Empire dont les lois seraient votées au sein du Parlement de l’Empire, ce qui est le cas de l’Empire de l’Union européenne.

Pour être le plus précis possible, il y a une première limite à ce raisonnement en conséquence de l’histoire des populations amérindiennes. Il s’agit-là d’une spécificité américaine. Le faible nombre des communautés autochtones fait cependant difficilement du gouvernement américain un pouvoir exerçant son pouvoir sur plusieurs Peuples et Nations aussi importantes en termes de taille qu’en Europe occidentale au sein de l’Union européenne ou bien qu’en Europe orientale au sein de la Fédération de Russie. Il semble y avoir aussi une deuxième limite posée par le regroupement ethnique de plusieurs populations qui ne vont pas chercher de conjoint en dehors de leur communauté, phénomène qui est apparu plus récemment en France par suite du refus de certaines communautés refusant de se fondre dans la Nation française, cause parmi d’autres de la constitution d’une sorte d’« archipel » pour reprendre l’expression de Jérôme Fourquet[8].

 

La Chine est-elle un Empire ?

Qualifiée d’« Empire du Milieu » par les Français au XIXe siècle, les Chinois appellent leur pays Zhong Guo : Zhong pour le centre, le milieu et Guo pour le pays au sens moderne du terme mais qui signifiait dans son sens plus ancien royaume ou pays. L’empereur de Chine recevait le mandat céleste de gouverner au centre du monde terrestre « tout ce qui est sous le ciel ». Plus on s’éloignait du centre, dans une logique de cercles concentriques, moins on était d’une certaine manière « civilisés » pour prendre une analogie occidentale. L’Empire était formé par les États qui reconnaissaient sa supériorité et son autorité, se retrouvant ainsi « civilisés » tandis que ceux qui se situaient dans les cercles extra-périphériques se retrouvaient « barbares » comme ils seraient appelés en Europe. La Chine reconnaît de nombreuses ethnies sur ses terres qui ont souvent leurs propres langues à l’image des Hans, des Mongols ou des Ouighours. La caractéristique des Empires consistant à séparer la nationalité de la citoyenneté est donc vérifiée parce que la Chine sépare l’identité ethnique de la citoyenneté, même si la logique d’ethnie en Chine n’est pas comparable à celle la nationalité dans l’Empire de l’Union européenne. La Chine ne semble cependant pas être « autant » un Empire que celui de l’Union européenne tant le centre de gravité semble être représenté par les Hans (nationalité qui représente plus de 90 % de la population[9]).

 

La puissance économique est autre que l’ordre politique d’un Empire

Sur le plan économique et financier, les États-Unis et la Chine sont agressifs. Les règles de l’Empire de l’Union européenne sont d’ailleurs parfaitement efficaces pour que les Nations européennes se fassent déposséder de leurs actifs par ces deux grandes puissances qui, pour leur part, savent parfaitement se protéger des tentatives d’appropriations des étrangers. La Chine empêche en effet fortement toute domination de capitaux étrangers sur ses propres actifs tandis que les États-Unis ont mis en place l’arsenal juridique permettant de protéger de nombreux secteurs stratégiques.

Certains peuvent accuser les États-Unis d’« impérialisme économique » ou d’« impérialisme financier »[10] mais ceci ne répond pas aux caractéristiques d’un Empire (dissociation de la citoyenneté et de la nationalité…). Les États-Unis peuvent aussi chercher à élargir le domaine de compétence de l’OTAN, historiquement réduit à la sécurité militaire de l’Europe, pour promouvoir une politique de sécurité énergétique de l’Europe mais cela ne fait toujours pas des États-Unis un Empire au sens propre du terme. Certains considèrent ainsi que les États-Unis et la Chine seraient « impérialistes » mais Jean-Baptiste Durosselle, historien spécialiste des relations internationales a cependant rappelé qu’« on se souvient que le mot « impérialisme », à la différence du mot « empire », est très récent. Le dictionnaire de Littré donne seulement « impérialisme », avec deux définitions : partisan du Saint Empire, ou partisan de la dynastie napoléonienne. Aussi, l’idée d’un impérialisme dont l’essence serait économique est-elle récente. Elle date de l’auteur américain Conant en 1896, de Hobson (Imperialism, a study[11]) en 1902, et surtout de Lénine, (L’Impérialisme, stade suprême du capitalisme[12]) en 1916 (…) Si l’on admet, comme l’histoire le montre sans cesse davantage, que l’investissement à l’étranger et la conquête territoriale sont deux phénomènes en général séparés, il reste que les puissances qui investissent se donnent les moyens de la diplomatie dissymétrique (…) Ma conclusion provisoire est que l’impérialisme économique a souvent de graves conséquences économiques sur la vie des États pauvres, le marché mondial recherchant les cultures productives au détriment des cultures nutritives ; mais que ses conséquences politiques ne sont pas assez contraignantes pour qu’on parle d’empire clandestin, ou de néo-colonialisme tout-puissant »[13].

Au cœur des enjeux géopolitiques, les États-Unis et la Chine ont parfaitement compris l’intérêt de contrôler leurs actifs stratégiques, en particulier dans les secteurs de l’énergie et de la défense. Il est en effet crucial de rappeler que « dans un monde en profonde mutation, l’une des rares constantes géopolitiques qui perdure est le lien étroit entre énergie et défense »[14]. Le rôle primordial de l’énergie est si bien compris des États-Unis et de la Chine que ces puissances sont capables, malgré leurs antagonismes, de se mettre d’accord pour acquérir conjointement à un prix dérisoire une compagnie pétrolière et gazière française[15] filiale de l’ancienne société nationale chargée de l’achat, du transport et de la distribution de gaz en France. Même si cette société était pour partie détenue par la puissance publique, cette transaction reçut la bénédiction du ministère des finances. C’est ainsi que des fonds d’investissement américains[16] et chinois[17] ont repris une société française, une acquisition par ailleurs largement financée par des banques françaises, pour ensuite fermer le siège basé à Paris et faire disparaître un écosystème pourvoyeur d’emplois en France. La crise ukrainienne rappela quelques années plus tard à quel point il aurait été précieux de conserver un actif générant des emplois, des revenus très importants lorsque les cours sont élevés et enfin un atout pour l’indépendance énergétique de la France. Il est inutile d’accuser des fonds d’investissement américains et chinois de faire leur métier alors que la décision des autorités françaises se chargea de démanteler elle-même les atouts industriels français. Dans la continuité du dépeçage d’Alstom et de Technip, l’écosystème politique libéral parisien apporta encore une fois son concours au massacre de l’outil industriel français. La destruction de l’industrie et des grandes entreprises françaises est en effet devenue la marque des gouvernements libéraux des dernières décennies.

 

Sanctions et extraterritorialité du Droit : États-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et France

Les États ont traditionnellement eu recours à des sanctions, qu’il s’agisse de mesures militaires propres au temps de guerre ou bien d’embargos imposés, par un ou plusieurs États, à un ou plusieurs autres États. Une organisation internationale comme l’Organisation des Nations unies (ONU) peut aussi être amenée à prendre des sanctions comme ce fut par exemple le cas avec la Libye. La logique des sanctions n’est donc pas nouvelle, que l’on pense par exemple au blocus continental imposée par Napoléon dans l’Empire français, une sanction économique supranationale, pour priver le Royaume-Uni de sa capacité d’exporter sur le continent.

En 1996, deux lois américaines donnaient la capacité aux États-Unis de sanctionner dans certaines conditions les entreprises, américaines ou non, investissant en Iran ou en Libye (Iran and Libya Sanctions Act dite loi d’Amato-Kennedy) ou à Cuba (Cuban Liberty and Democratic Solidarity Act dite Loi Helms-Burton). Ces lois imposaient de facto la loi des États-Unis à des entités non américaines. Il est évident que ces sanctions sont par nature « extraterritoriales » puisqu’elles concernent des États, des personnes morales ou physiques ou des groupes, terroristes par exemple, opérant en dehors d’une juridiction précise et dont les actifs peuvent être concernés par les sanctions. C’est pour cette raison que des banques françaises comme la Société générale ou BNP Paribas durent payer des amendes pour non-respect de ces lois extraterritoriales, ne pouvant se permettre de subir des conséquences qui seraient encore plus nuisibles à leurs activités.

Le Foreign Corrupt Practices Act (FCPA) est un autre bon exemple de loi américaine extraterritoriale votée en 1977 pour lutter contre la corruption d'agents publics à l'étranger. L’usage du dollar peut même être considéré comme suffisant pour retenir une charge contre une personne physique ou morale. C’est en étant concerné par cette dernière loi que le Français Frédéric Pierucci, cadre d’Alstom, s’est fait arrêter aux États-Unis dans le cadre d’un paiement par sa société de pots de vin à des intermédiaires pour obtenir un contrat en Indonésie. Cette douloureuse expérience a été racontée dans Le piège américain[18] et fait toucher du doigt la façon dont une société française a « sacrifié » un de ses employés. Quelques décennies après le FCPA, le Royaume-Uni s’est doté d’un outil similaire avec le UK Bribary Act en 2010. La France a suivi en se dotant d’un dispositif équivalent avec la loi relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique dite « Sapin 2 » en 2016. La France dispose ainsi d’une extraterritorialité de son Droit.

Il convient de noter que l’Union européenne s’est dotée des mêmes outils et entrepris de nombreuses sanctions à travers sa politique étrangère et de sécurité commune (PESC). Ciblant des gouvernements, des personnes morales, des personnes physiques ou des groupes de personnes physiques, l’Union européenne s’est dotée des mêmes outils que les États-Unis d’Amérique. Une organisation supranationale peut ainsi prendre des sanctions comme c’est le cas actuellement par exemple avec les intérêts russes en interdisant l’importation de charbon russe, l’interdiction de faire entrer de bateaux russes dans les ports de l’Union européenne ou bien le gel, la saisie ou la confiscation des avoirs de personnes physiques. Ceci fut détaillé par le Conseil de l’Union européenne dans les Principes de base concernant le recours aux mesures restrictives en 2004 et la Mise à jour des meilleures pratiques de l'Union européenne en ce qui concerne la mise en œuvre effective de mesures restrictives (sanctions) en 2018.

En conclusion, il apparaît clair que le recours à des sanctions, qu’il s’agisse de l’ONU ou de l’Union européenne ou bien du FCPA, du UK Bribary Act ou de la loi Sapin 2 n’indique en rien que l’entité qui impose une sanction est une organisation internationale, c’est-à-dire un groupe d’États, un Empire (Union européenne…) ou une Nation (Royaume-Uni, France…). Il peut en revanche être noté que ces sanctions auront d’autant plus de poids qu’elles seront le propre d’un État qui a son Droit propre et sa monnaie comme le démontrent la Nation américaine ou l’Empire de l’Union européenne.

 

Les sanctions extraterritoriales, outil de pression des États-Unis : l’exemple de Nord Stream 2

Le projet de gazoduc Nord Stream 2 a pour objet le transporter du gaz russe sur 1200 kilomètres par la mer Baltique jusqu’en Allemagne. Détenu par la société gazière russe Gazprom, ce gazoduc suit le tracé du gazoduc Nord Stream 1 opérationnel depuis 2012. Le projet Nord Stream 2 a coûté près de dix milliards d’euros et a été financé partiellement par des sociétés privées à l’instar la société gazière française Engie.

Le Président américain Donald Trump, convaincu de la nécessité d’affranchir autant que possible l’Allemagne du gaz russe, signa une loi du Congrès américain pour imposer des sanctions sur des acteurs du projet. Ne pouvant se permettre des conséquences désastreuses comme la saisie de ses actifs aux États-Unis, la société néerlandaise Allseas chargée de poser le gazoduc en mer dût par exemple stopper ses travaux maritimes.

Invoquant la sécurité énergétique de l’Europe, le Congrès américain avait pour objet de poursuivre la logique de l’endiguement (containement) pour priver la Fédération de Russie de revenus liés aux achats de gaz mais aussi éviter d’éviter le contournement (circumvention) de l’Ukraine, pays très allié aux États-Unis. Invoquant aussi la sécurité énergétique de l’Europe, le gouvernement allemand s’est battu pour mener à terme le projet actuellement terminé puisqu’il est même rempli de gaz sous pression. L’attaque de l’Ukraine semble avoir eu raison de ce projet. Sous sanctions américaines depuis le début de la guerre, Engie ne peut maintenir de relations avec la société portant le projet de gazoduc et reste exposée à un risque de crédit de près d’un milliard d’euros si la société déposait le bilan et ne pouvait par conséquent rembourser le prêt consenti par la filiale suisse de la société française, une entité basée dans le canton de Zoug puisque le monopole bancaire français ne permet pas à une entité non bancaire de prêter comme une banque de l’argent de manière habituelle. Devenus premiers producteurs mondiaux de gaz naturel liquéfié (GNL), les États-Unis peuvent aujourd’hui exporter en Europe plus de cargaisons de GNL en France métropolitaine par exemple (des capacités de regazéification sont disponibles en Méditerranée, Atlantique et Mer du Nord) pour remplacer partiellement ou totalement le manque de gaz importé de Russie.

Touchant par exemple les actifs détenus par les sociétés françaises implantées aux États-Unis ou bien les facilités bancaires proposées par les banques américaines à ces mêmes sociétés, les sanctions extraterritoriales ne sont supportables que par un nombre très restreint d’entreprises. Seules les sociétés qui n’ont aucun lien avec les États-Unis d’Amérique, qui n’y ont pas d’actifs, qui n’utilisent pas le dollar ou bien qui peuvent se passer du financement des banques américaines peuvent travailler: Il y a donc bien peu d’acteurs en mesure de travailler dans ces conditions.

 

L’OTAN : Outil de puissance de la Nation américaine autre que l’Empire

Séparées par l’Atlantique, les Nations héritières de la tradition européenne se rassemblèrent au sein d’une communauté de Culture occidentale en se nourrissant de la culture classique, chrétienne mais aussi judaïque. Il convient en effet de noter que, au moment où le conflit en Ukraine est au cœur de l’actualité, que des millions de Juifs, entre autres ukrainiens, choisirent les États-Unis d’Amérique pour fuir les persécutions entreprises par les Empires centraux, en particulier allemands, mais aussi russe et soviétique… La lecture du livre d’André Kaspi[19], spécialiste de l’histoire des États-Unis, est d’ailleurs très éclairante pour comprendre le judaïsme nord-américain. Le monde occidental ne peut ainsi se comprendre sans avoir à l’esprit que les plus grandes communautés juives en dehors d’Israël sont aux États-Unis, en France et au Royaume-Uni.

Après la Deuxième guerre mondiale, douze pays, deux nord-américains et dix européens, signèrent le traité de l’Atlantique Nord pour mettre en place une organisation politico-militaire. C’est ainsi que naquit l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) qui comprenait un système de sécurité collectif destiné à faire face à la menace soviétique. L’Alliance rassemble aujourd’hui des Nations libres héritières de la civilisation européenne, à l’exception de la Turquie héritière de la civilisation de l’Islam. La politique indépendante de la France heurtait cependant celle de l’OTAN qui souhaitait conserver une partie du contrôle des forces militaires françaises, conduisant le général de Gaulle à prendre la décision de quitter le commandement militaire intégré en 1966. Ce dernier ne quitta cependant pas l’organe politique de l’Alliance, fidèle aux Alliés et à la coopération Atlantique. Cette organisation politique et militaire permit à la France de bénéficier néanmoins d’un équilibre des forces pendant la Guerre froide qui, en complément de la détention de l’arme nucléaire, entraîna une longue période de paix relative, il est vrai émaillée de plusieurs conflits dans les espaces coloniaux des Nations occidentales et dans les Balkans.

Lorsque la menace socialiste soviétique s’estompa, l’Alliance perdit théoriquement sa raison d’être originelle mais elle survécut comme seule organisation militaire internationale qui fonctionne vraiment puisque la défense des Nations européennes au sein de l’Union de l’Europe occidentale (UEO) créée en 1954 ne tint jamais un grand rôle. En dehors de l’OTAN, les autres organisations militaires qui fonctionnèrent entre pays européens furent celles des Empires qui avaient conquis des Peuples et des Nations à l’image de l’Armée de l’Empire romain, de la Grande Armée de l’Empire français de Napoléon, de l’armée du Troisième Empire allemand d’Hitler ou bien de l’armée de l’Empire soviétique. À la fin de la Guerre froide, l’organisation atlantique évolua en nouant des alliances avec des Nations de l’ancienne Union soviétique via le Partenariat pour la paix en 1994 ou bien avec la fédération de l’Union européenne via l’Identité européenne de sécurité et de défense en 2002.

Contrairement à la fédération supranationale de l’Union européenne, l’Alliance atlantique est par nature une organisation politique et militaire qui respecte la liberté et la souveraineté des Nations. Si tel n’était pas le cas, les États-Unis n’en seraient probablement pas membre. La preuve de cette liberté est que l’on peut facilement se retirer de l’Alliance, ou bien d’un organe particulier de l’Alliance, alors que la fédération de l’Union européenne a été conçue pour qu’il soit très difficile d’en sortir comme l’a montré l’exemple du Royaume-Uni. C’est toute la différence entre la liberté et la soumission.

L’OTAN devint une organisation poursuivant à plusieurs reprises des objectifs éloignés de sa mission d’origine de défense des Nations occidentales, celle qui pourtant avait fait son succès face à la menace soviétique. Les États-Unis étant le contributeur majeur de l’OTAN, la tentation d’utiliser l’Alliance au profit de la politique étrangère américaine plutôt qu’à la défense de l’ensemble des Nations fut bien grande. S’écartant de sa vocation de soutien de ses membres contre des menaces extérieures, l’Alliance démembra la Serbie et fit de cette triste besogne un symbole de la nocivité potentielle de l’OTAN. Appuyant l’entreprise de destruction de la Serbie, la responsabilité des gouvernements français ne doit pas être oubliée. Le point culminant fut atteint en 1999 lorsque l’OTAN bombarda celle qui avait été l’alliée de la France durant la Première guerre mondiale pour faire d’une de ses régions, le Kosovo, un État indépendant. Les résultats prévisibles ne se firent pas attendre. Ce « péché originel » de l’OTAN post-Guerre froide abîma durablement l’image de l’Alliance aux yeux des Nations du monde.

D’une manière générale, les difficultés viennent du fait que les objectifs de nombreuses guerres contemporaines ne sont pas toujours clairs. L’incompréhension des opinions publiques, au sein même des États qui engagent ces opérations militaires, l’a démontré au moment des conflits en Irak, en Libye ou en Syrie. L’intervention en Irak en 2003 a profondément déstabilisé le Levant et le Moyen Orient avec pour conséquence de renforcer un islam radical dont la France subit directement les effets. De la même manière, l’intervention de l’OTAN en 2011 en Libye, faisant suite à une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies et dans laquelle la France a joué un rôle majeur, entraîna un véritable chaos. Les opérations militaires ont cependant été parfaitement menées par les armées françaises et l’OTAN grâce à une excellente articulation des moyens militaires dans les trois dimensions, c’est-à-dire sur terre, sur mer et dans les airs.

 

Conclusion :

Le fait que États-Unis soient puissants n’en font pas un Empire. Le fait que les États-Unis se soient dotés d’outils de puissance avec l’extraterritorialité de leur Droit, comme le développèrent plus tard l’Union européenne, le Royaume-Uni ou la France n’en font pas non plus un Empire. Le rôle prépondérant des États-Unis dans l’OTAN n’en font pas plus un Empire. Ne répondant pas aux caractéristiques propres aux Empires énoncées plus haut les États-Unis ne sont pas un Empire ; au contraire, la Chine en est un, même si la proportion de Hans en fait une entité politique tendant vers la Nation plus que vers l’Empire.

L’historien et spécialiste des relations internationales Jean-Baptiste Duroselle, auteur de Tout Empire Périra, pensait que l’on ne peut parler à propos des États-Unis ni d’Empire ni « d’empire clandestin, ou de néo-colonialisme tout-puissant »[20]. Bien que les États-Unis interviennent militairement dans le monde depuis plus d’un siècle, la Nation américaine n’a cependant pas imposé, à l’instar de l’Empire soviétique ou de l’Empire de l’Union européenne, une citoyenneté impériale aux pays conquis. L’Empire de l’Union européenne s’étend pour sa part indéfiniment et considère qu’« est citoyen de l'Union toute personne ayant la nationalité d'un État membre » comme le précise l’article 9 du Traité sur l’Union européenne signé en 1992 et aujourd’hui repris dans l’article 20 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE) signé en 2007. Un Français est citoyen de la Nation française mais aussi de l’Empire de l’Union européenne. Cela suppose la soumission aux lois de l’Empire. Il n’en est absolument pas de même pour les États-Unis.

Comme l’explique l’auteur de cet article dans son ouvrage La Nation face à l’Empire publié en 2021 et réédité en 2022, « les États-Unis sont peut-être une « hyperpuissance nationale » mais certainement pas une « hyperpuissance impériale » puisqu’ils ne sont pas un Empire. Face aux États-Unis, l’Empire de l’UE pourrait être pour sa part qualifié d’« hypo-puissance impériale » ».

 

Emmanuel Lynch, ingénieur, économiste et historien de formation, auteur de La Nation face à l’Empire (ML Éditions, 2021), fondateur du mouvement France Libre Vraie Europe, auditeur de l’Institut des hautes études de Défense nationale.

 

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[1] DUROSELLE, Jean-Baptiste, Tout Empire Périra, Théorie des relations internationales, Paris, Armand Colin, 1992, p 298-299.

[2] VAN REGEMORTER, Jean-Louis in TULARD, Jean, Les empires occidentaux, de Rome à Berlin, Paris, Presses Universitaires de France, 1997, p 140.

[3] TULARD, Jean, Ibid.

[4] DUVERGER, Maurice, in TULARD, Jean, Ibid., p 4.

[5] HAVARD, Gilles, VIDAL, Cécile, Histoire de l’Amérique française, Paris, Flammarion, 2003, rééd. Paris, Flammarion, 2019.

[6] CLARKE de DROMANTIN, Patrick, Les réfugiés jacobites dans la France du XVIIIème siècle, L’exode de toute une noblesse pour cause de religion, Pessac, Presses Universitaires de Bordeaux, 2005.

[7] NOUAILHAT, Yves-Henri, Les États-Unis et le monde de 1898 à nos jours, Armand Colin – Collection U, Paris, 2003, KANDEL, Maya, Les États-Unis et le Monde, de George Washington à Donald Trump, Paris, Perrin, 2018.

[8] FOURQUET, Jérôme, L’archipel français, Naissance d’une nation multiple et divisée, Paris, Seuil, 2019.

[9] Article de CARTIER, Michel in GENTELLE, Pierre, Chine, peuples et civilisation, La Découverte, Paris, 2004, p 58-59.

[10] RENOUVIN, Pierre, DUROSSELLE, Jean-Baptiste, Introduction à l'histoire des relations internationales, Paris, Armand Colin, 1964, rééd. Paris, Pocket, 2007, p 153.

[11] HOBSON, John Atkinson, Imperialism, A study, Londres, James Nisbet & Co., 1902.

[12] LÉNINE, Vladimir Ilitch, L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, Pétrograd, 1917, rééd. Paris, Éditions sociales, 1971.

[13] DUROSELLE, Jean-Baptiste, Tout Empire Périra, Théorie des relations internationales, Paris, Armand Colin, 1992, p 298-299.

[14] SÉBILLE, Philippe, Présentation géopolitique à l’occasion d’une conférence sur les marchés du gaz naturel liquéfie organisée conjointement par l’Association of International Petroleum Negotiators ou AIPN (www.aipn.org) et Evolen (evolen.org), Paris, le 9 avril 2019.

[15] Engie Exploration & Production International aujourd’hui Neptune Energy, www.neptuneenergy.com.

[16] Carlyle, www.carlyle.com.

[17] China Investment Corporation, www.china-inv.cn.

[18] PIERUCCI, Frédéric, avec Matthieu Aron, Le piège américain, Paris, JC Lattès.

[19] KASPI, André, Les juifs américains, ont-ils réellement le pouvoir qu’on leur prête ?, Paris, Plon, 2008.

[20] DUROSELLE, Jean-Baptiste, Tout Empire Périra, Théorie des relations internationales, Paris, Armand Colin, 1992, p 298-299.